jeudi 16 août 2012

Écrivaine: Delmira Agustini

L'Uruguay a produit de grands écrivain(e)s; poètes et poétesses qui eurent un rayonnement immense en Amérique espagnole et certains furent même connus jusqu'en Europe. On peut dire que la plupart de ces grands personnages célèbres ont vécu pour la plupart d'entre eux vers la fin du XIXe et début XXe siècle. On peut mentionner les noms de Jules Laforgues, José Enrique Rodó Piñeyro, Jules Supervielle, Julio Herrera y Reissig, Isodore-Lucien Ducasse, Leopoldo Lugones, etc. Ils laisseront une grande empreinte dans la culture du pays et ce, pour beaucoup de générations.

Je vais vous parler d'une écrivaine qui eu, malheureusement, une vie assez courte mais qui marquera les esprit à son époque. Je vais vous présenter Delmira Agustini qui fut poétesse et écrivaine.

Delmira Agustini est née le 24 octobre 1886 à Montevideo dans une famille aisée de parents immigrants italiens. Son père, né en Uruguay, s'appelait Santiago Agustini et sa mère, María Murtfeld Triaca était originaire de Buenos Aires.


En ayant des qualités artistiques exceptionnelles, Delmira se retrouvera sous une protection excessive de ses parents et qui sera mainte fois dénoncée par leur entourage. Elle fut élevée aussi dans une famille conservatrice tout en recevant une éducation stricte. Elle fut une enfant précoce car à 5 ans, elle savait déjà lire et écrire correctement. Comme de coutume à l’époque, ses parents se chargeront de son éducation: des classes privées de français, de piano, de peinture et de dessin vers l'age de 10 ans. Le contact avec d'autres enfants de son âge a été peu abondant, quelque chose qui a alimenté son goût de la solitude et de l'introspection. Depuis son enfance, seulement une relation d'amitié très étroite maintiendra Delmira avec André de Badet, compagnon dans ses classes de peinture.

Durant son adolescence, elle vendra des poésies aux magazines locaux et écrira une chronique hebdomadaire sous le pseudonyme de "Joujou" pour le journal La Alborada (l'Aube). Cette chronique décrivait les accomplissements des femmes d'artistes.

Rubén Darío qu'elle considérait comme son maître compara Delmira Agustini à Sainte Thérèse en déclarant que Delmira était unique depuis la sainte à pouvoir s'exprimer comme une femme. Elle fut considérée comme une auteure latino-américaine très importante au début XXe siècle mais attirera aussi l'attention des intellectuels à cause de sa beauté et sa jeunesse.

Son style d'ecriture

Elle se spécialisa dans la sexualité féminine comme sujet de littérature alors que les hommes dominaient le monde littéraire. Le style d'écriture d'Agustini usait de thèmes basés sur la fantaisie, de sujets exotiques et ses œuvres furent caractérisées par une forte charge érotique.

En 1908, elle se fiance avec Enrique Job Reyes en cachette étant donné que sa mère n'approuve pas cette relation. Enrique provenait du département de Florida et était impliqué dans la vente et l'achat de chevaux.

Le travail le plus provocateur de Delmira fut El Rosario d'Eros (le rosaire d'Éros), un cycle de cinq poésies dans lesquelles, elle appliqua l'esprit de dévotion catholique en relation avec le Dieu mythologique de l'amour, Éros. Dieu de l'amour qui symbolisait l'érotisme inspira les poèmes de Delmira sur les plaisirs charnels. Éros fut, aussi, le protagoniste de nombreux travaux littéraires d'Agustini. Elle consacrera son troisième livre intitulé Los Cálices Vacíos (Les calices vides) en 1913 sur ce sujet.
Il faut vous imaginer le contexte dans lequel Delmira vivait car à cette époque, la société était dictée et dirigée par les hommes dans tous les domaines de la société incluant la famille.
De plus, la liberté sexuelle qui avait été explorée tout à fait ouvertement par des auteurs ''décadents'' européens du XIXe siècle reçut un accueil mixte en Amérique espagnole. Beaucoup d'auteurs de cette Amérique espagnole ne pouvaient pas surmonter leur éducation catholique et leur sentiment de culpabilité en même temps. D'autres ont cherché à masquer la sexualité manifeste dans la langue de la religion et de la spiritualité. Et beaucoup d'autres restèrent des réfractaires notoires.

Donc, de voir une femme s’émancipait en devenant écrivaine d'une part et surtout d'avoir des sujets comme l’érotisme d'autre part fut un cocktail explosif. Elle fut considérée comme une pro-féministe à cette époque parce qu'elle a vu le sexe comme une liberté de rendre les femmes responsables, ce qui fut grandement critiqué par la gente masculine.

D'autres poésies notables sont à mettre à son nom comme Al Claro de Luna, El Nudo, El Poeta y la Ilusion, Explosión, Intima, Mi Musa Triste, Nocturno, Plegaria, Debout sur Mon Orgueil Je veux Montrer au Soir, Tu Boca, El Poeta Leva el Ancla, Inextinguibles, etc.

Sa première collection de poésies comme El Libro Blanco (le livre blanc) en 1907 sera bien reçue par les critiques mais Cantos de la Mañana (les chansons du matin) en 1910 et Los Calices Vacios (les calices vides) en 1913 feront scandale avec des explorations franches de la soif féminine et le désir de la sexualité.

Sa mort tragique ajouta un côté mystique à cette écrivaine

En août 1913, Delmira Agustini épousera son petit ami de longue date, Enrique Job Reyes. Ils se sépareront dans les semaines suivantes quoi qu'elle continuera à le voir comme amant. Le 22 juin 1914, le divorce tombe et Reyes tuera Delmira Agustini de deux balles dans la tête, le 6 juillet 1914. Il se suicidera par la suite. Elle n'avait seulement que 27 ans. Enrique n'a jamais apprécié le talent poétique de Delmira et considérait la poésie comme quelque chose d'ennuyant.

À sa mort ,elle planifiait un quatrième livre appelé Los Astros del Abismo (les étoiles de l'abîme) qu'elle considérait comme son chef-d'œuvre. Mais seulement le ''Rosaire d'Éros" et quelques autres poésies furent achevées.

Premier recueil de poèmes en 1907
- El Libro Blanco (Frágil) avec un prologue de Manuel Medina de Betencourt
Deuxième recueil de poèmes en 1910
- Cantos de la Mañana avec un prologue de Manuel Pérez y Curis
Troisième recueil en 1913
- Los Cálices Vacíos
Obras completas (posthume) en 1924
- Vol 1: El Rosario de Eros
- Vol 2: Los Astros del Abismo
Puis finalement (posthume)
- Poésies en 1944
- Poésies complètes en  1971


Son poème ''Debout sur Mon Orgueil Je Veux Montrer au Soir''

Debout sur mon orgueil je veux montrer au soir
L'envers de mon manteau endeuillé de tes charmes,
Son mouchoir infini, son mouchoir noir et noir,
Trait à trait, doucement, boira toutes mes larmes.

Il donne des lys blancs à mes roses de flamme
Et des bandeaux de calme à mon front délirant...
Que le soir sera bon.. Il aura pour moi l'âme
Claire et le corps profond d'un magnifique amant. 

Un autre poème mais en espagnol ''Explosión''

Si la vida es amor, bendita sea!
Quiero más vida para amar! Hoy siento
Que no valen mil años de la idea
Lo que un minuto azul del sentimiento.

Mi corazon moria triste y lento…
Hoy abre en luz como una flor febea;
La vida brota como un mar violento
Donde la mano del amor golpea!

Hoy partio hacia la noche, triste, fría
Rotas las alas mi melancolía;
Como una vieja mancha de dolor
En la sombra lejana se deslíe…
Mi vida toda canta, besa, ríe!
Mi vida toda es una boca en flor!

Aujourd'hui, elle repose au Cementerio Central de Montevideo.

A bientôt

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